A nouveau, le réveil a été très matinal : le rendez-vous était fixé à 6h devant l'hôtel où Somaninn et Sovichéa ont passé la nuit. Le caméraman nous a rejoint et son ami nous a emmené prendre le bateau qui nous attendait à 7h. Nous étions assez compressés, le bateau à moteur n'était pas si grand, contenait environ une douzaine de passagers et nos bagages étant posés sur le toit du bateau. Faute de place, Sovichéa , lui a embarqué dans un autre bateau sans toit. Il ne regrette pas car il a pu mieux admirer les paysages à la différence de Somaninn, Pou Aranh et moi. Malgré tout, au moment de la pause, le bateau s'est arrêté à une boutique flottante et nous a permis de constater la vie locale au bord du Tonlé Sap, un paysage jouxtant maisons sur pilotis, en feuilles de palmiers, les fameux liserons d'eau tant aimé dans la cuisine cambodgienne.
Les conditions de vie sont loin d'être fortunées comme le montre les toilettes peu " luxueuses " qui ont fait sourire les nombreux touristes étrangers. C'est une sorte de cabane en bois avec à l'intérieur un trou au milieu débouchant sur le fleuve. Après 4 heures de navigation, nous voilà à Battambang, la 2ème plus grande province du Cambodge par sa superficie. A première vue, c'est très paisible et bien aménagé comme les grands jardins publics ornés de fleurs, de bancs le long d'une grande avenue par lequel nous passons pour se rendre au centre ASPECA. Le directeur est venu nous chercher en voiture. 5 minutes plus tard, nous sommes dans ce centre et quelle surprise de voir un tel village. Il est dit que c'est le plus beau de tous les centres ASPECA du pays. Ce n'est donc pas faux, il est tellement grand et bien construit avec toutes ces maisons rouges sur pilotis et les grands cocotiers, les rangées de fleurs.
On se croit dans un véritable parc hôtelier ! C'est un vrai paradis pour tous les enfants qui y vivent. Ils sont plus de 300 enfants et ont été très accueillants. Ce sont eux-mêmes qui entretiennent et décorent leur village. Chapeau ! Des projets d'extension sont même en cours d'examen.
Le caméraman en a profité pour tourner un petit reportage. Nous avons également fait connaissance avec Sabine et Marie, deux étudiantes d'HEC de Paris et amies de Romain et olivier. Après avoir mangé dans un petit restaurant, nous sommes retournés au centre pour passer du temps avec les enfants, leur apprendre une chanson cambodgienne " Khôn khmer oeuy. " Un petit conseil : par expérience, éviter de trop s'approcher d'un certain petit singe attaché à un arbre. Ce dernier m'a bien mordu au bras, me laissant ainsi ses traces de dents. Pourtant, je ne souhaitai pas d'autographes de sa part ! Plus de rires que de sanglots !
En fin d'après midi, après la remise des prix d'un concours de dessin, nous avons bu le jus de véritables noix de coco cueillis par un enfant : impressionnant, en moins de 3 minutes il est parvenu pieds nus en haut du cocotier ! A côté, sur la pelouse, une émouvante présentation musicale est donnée par des frères et sœurs malheureusement aveugles.
La soirée se termine sur une petite boom organisée par les étudiantes pour leur dernier jour. C'était une journée chargée et courte pour s'attacher vraiment aux enfants par rapport à ceux de Sihanoukville. Ceci dit, nous étions tout de même proches de certains. J'ai moi-même été très touchée, émue par les paroles d'une petite fille en attente d'un parrain : elle me disait que j'avais un beau tee-shirt comparé au sien, et qu'elle aurait aussi aimé avoir de jolis vêtements. Effectivement, tous les enfants n'ont pas tous forcément un parrain, certains sont donc un peu enviés. Je lui ai répondu qu'il faut garder espoir et un jour toi aussi tu auras un parrain. Nous essayons de partager leur peine, leur situation, ce qui n'est pas si facile quand nous n'avons pas vécu leurs malheurs.